pensées heureuses

…de la terre ou se font les arbres

Pour parler des gens d’ici, faut-il être né ici, avoir grandi ici ?
Comment faire lorsque l‘on est un immigré, un déraciné, un nomade ?
Comment faire lorsqu’on est d’un autre monde, lorsqu’on vit un autre monde, lorsque l’on rêve d’un autre monde,
….pour parler des gens qui sont l’ici du moment ?

Je ne sais…mais au fond, quelle importance ?

Oui, quelle importance ? Car fi de ce qui différencie les gens d’ici des gens d’ailleurs, fi des nationalismes, des régionalismes, des « particularités » culturelles, politiques ou religieuses, fi de ce qui nous sépare, nous amène à nous déchirer, nous haïr, nous mentir, nous détruire.
Parlons ici de notre commun, de ce qui nous oblige à être tous des gens d’ici, qui nous condamne tous à être en de nombreux points semblables.

Mon ici, c’est la terre

Notre ici, c’est un point de convergence tellement évident qu’il finit par nous échapper.
Pardon, qu’il finirait presque par nous échapper. Car en réalité il est là, il nous suit, nous précède, nous observe, s’amuse ou pas de nos frasques, il est à l’origine de nos joies et de nos malheurs, et à la fin il s’impose à tous. La terre, « notre » terre comme disent certains, est notre ici.

Ici vivent ensemble tous les habitants de cette planète nommée terre

Qui dit terre dit à une époque, homme. Et certains parlèrent même, à l’apogée de l’homme, d’humanité

Existerait-il une humanité des gens d’ici, et une humanité des gens d’ailleurs ?

La définition de l’humanité est donnée par les dictionnaires humains. L’humanité serait : ensemble des hommes, essence de l’homme, bienveillance, compassion.

Humanité

Ce mot m’envoie de l’espoir, un espoir fou peut-être, celui que tous ces termes utilisés pour sa définition, ensemble, compassion, bienveillance, se fondent en seul être, l’humain
Ensemble des hommes, essence de l’homme, bienveillance, compassion. On pourrait le répéter à l’infini, car cette définition laisse imaginer un monde en paix, un monde solidaire, un monde de partage, un monde ou la satisfaction des besoins de chacun serait la préoccupation de tous.

Mais je ne dois pas être d’ici.
Je ne reconnais pas les gens d’ici, ils nient trop souvent leur humanité

Il paraît qu’elle existe, je ne l’ai jamais rencontrée, mais en fait je sais bien qu’elle existe. Des gens d’ici l’ont subie, et je sais aussi que d’autres gens ici en sont responsables.
Ici, il y a la guerre.
Oui, ici, et ici encore. Ici une « grande » guerre, télévisée, technologique, irréelle, presque virtuelle, et ici une guerre qui touche, qui frappe, qui fait mal, oh, une petite guerre, pour pas grand-chose, pour quelques sous, pour quelque terre, pour quelque pouvoir illusoire. Mais c’est bien une guerre aussi.

Pourtant, la guerre, c’est la négation totale de l’humanité.
Ensemble des hommes, essence de l’homme, bienveillance, compassion. La guerre brise l’ensemble, elle est le fruit dune éducation tournée vers la satisfaction égoïste des désirs, non des besoins des gens d’ici. Désir. Besoin. Ici j’ai nourriture, santé, eau, éducation, abri, liberté, amour, j’ai comblé tous mes besoins. Ici d’autres n’ont rien.

L’humanité, c’est un vrai défi.

Le défi d’utiliser la compassion, le partage, la bienveillance. L’humanité, son défi, c’est que l’ensemble des habitants de notre monde puisse assouvir ses besoins.

Ici, personne n’est parfait.

Souvent j’ai honte. De moi. Des gens d’ici…En fait pas de tous les gens d’ici. J’en ai rencontré des beaux, des gentils, mais surtout j’en ai rencontré qui étaient bons, qui donnaient plus qu’ils ne recevaient, des gens d’ici pour qui la satisfaction des désirs avait une limite, la limite de ce que pouvaient accepter les autres, la limite de ce que peut supporter la planète. Peut-être ont-ils pris conscience de leur humanité, et tendent-ils à la vivre. Sereinement, simplement comme est beau et devrait être serein l’arbre qui pousse et s’épanouit dans la forêt. Dis, grand père, c’est quoi une forêt ?

En fait, je ne sais pas bien parler des gens d’ici, je ne les comprends pas. Mais sûrement est-ce parce qu’ils ne sont pas vraiment, ou qu’ils ont oublié, qu’ils sont d’ici, de la terre ou se font les arbres.